Thursday, October 11, 2007

10 octobre

On parle maintenant de « turn around ». Le pays irait dans la bonne direction. Monsieur Morse, sympathique manager du plus bel hôtel en déliquescence du pays (quel symbole en vérité !) affirme qu’après avoir convaincu Ti René de se représenter, le pays va désormais dans la bonne direction. Le tournant tant attendu aurait eu lieu.

L’hôtel de Monsieur Morse ne le laisse pourtant pas deviner. L’hôtel est pourri. Je n’y logerais pas un Duvalier. Quelle misère. Quelle tristesse. Cet hôtel était beau, et surtout il était honnête, et pourtant les hôtels de mauvaise fumée sont légion dans notre pays. Il y avait, en effet, de mon temps, des hôtels très beaux, charmants, mais où pour rien au monde un homme de bien n’aurait mis les pieds. L’Ibo Lélé était de ceux-là. Son aspect intérieur a depuis rejoint le déshonneur Duavliériste de ses propriétaires. Ceux du Montana, eux, ne payaient pas leurs impôts. L’Oloffson, en revanche, c’était un hôtel honnête et beau. On avait plaisir à y aller et à y dépenser son argent. C’était presque un acte de patriotisme. Mais depuis quelques années, quelle décadence. Personne n’a mis une gourde dans ce bâtiment depuis des lustres. Les moustiques pullulent. La peinture est partie à Miami. L’EDH, elle, ne s’est pas encore décidé (à partir ou à rester). Un plat de spaghettis y coûte dix dollars américains. Et son gérant convainc Ti René de faire président. Et il croit que le pays va mieux. Au moins, il n’y a aucun doute que Morse est Haïtien. Comme nous tous, il souffre d’une cécité caractéristique : nous n’avons aucune idée de nos urgences. Seules les diaspora de retour ont le yeux pour cela.

Ti René parle peu. Latortue ne parlait jamais, trop conscient de sa propre illégitimité, trop bête et repu de sa propre arrogance. Mais Ti René ne parle pas assez. Lui, c’est par paresse et par arrogance, du pouvoir certes, mais à la fin, c’est pareil. Donc Ti René ne parle pas et ne précise pas si le CEP est toujours en place ou pas. Peut-être que oui, peut-être que pas. Aujourd’hui, 10 octobre, personne ne sait. Ti René ne se donne même pas la peine de dire. Ti René serait insatisfait par les performances du CEP. A-t-on jamais choisi un membre du CEP qui avait un tant soit peu d’expérience électorale ? Sommes-nous le seul peuple au monde où les individus chargés d’organiser les comices n’y connaissent rien et n’ont jamais eu la moindre expérience dans ce domaine ?

Tuesday, October 2, 2007


12 mars 2006

J’ai donc décidé de parler. Ma qualité de fantôme depuis longtemps me permet d’aller et venir dans les cercles du pouvoir, et dans d’autres, et de recueillir ou d’observer, ici et là, des faits qui ne parviennent que trop rarement au fait du public.

J’ai donc décidé de parler, de raconter, car j’en suis venu à la conclusion que notre marronnage verbal est la pire plaie dont souffre ce pays. Ceux qui savent ne parlent pas. Et si l’on savait, nos hommes politiques changeraient.

Je vais tenter de ne point trop m’exprimer sur Ti René. C’est que je connais l’animal depuis son enfance, du temps où avec Hervé Denis, il visitait la maison des S., mais passons sur cette époque révolue. Car au fond, j’aime bien Ti René, beaucoup même. L’homme est bon, fondamentalement, et chaleureux, à sa façon. Il ne vole pas, il ne tue pas. Vu notre histoire, peut-être devrions-nous nous contenter de cela. Peut-être pas. Qu’il soit devenu président demeure tout de même un mystère que l’histoire ne résoudra peut-être jamais. Passons à autre chose.



2 mai 2006

On parle beaucoup d’occupation. Vous ne lirez chez moi aucune velléité nationaliste –je laisse cela pour toujours à mon ennemi Alexis. C’est que notre pays est déjà occupé, par la pauvreté, cela s’entend, mais aussi la lâcheté et notamment la lâcheté intellectuelle, que l’on appelle, chez nous, marronnage.

C’est qu’il y a occupants et occupants. Les romains étaient tout de même des envahisseurs brillants, si l’on peut dire, et si l’on dit aujourd’hui « un travail de romain », on rend gloire à leur effervescence d’occupants. On ne dit guère, en revanche, « un travail d’ONU », ou alors par goût de l’euphémisme. Peut-on donc se dire « occupés » par des gens qui, ma foi, ne semblent pas faire grand-chose et dégoulinent de prêchi-prêcha en tout genre?

Il y a donc plusieurs types d’occupants. Il y a les occupants méchants, disons comme les Nazis en Europe, qui massacraient et massacraient. Il y a les occupants méchants et besogneux, disons comme les américains de 1915 à 1932, qui massacraient et construisaient. Enfin il y a les occupants feignants. Les nôtres, donc. Ceux-là, c’est tout de même une trouvaille de l’histoire. Ils parlent et ne font rien et avalent des sommes d’argent qui nous semblent, avec notre petit kob haïtien, astronomiques. Ces occupants-là ne sont pas méchants, inutiles certes, et même d’une grande obscénité morale (comment avaler des millions de dollars chaque semaine, ne rien construire et prétendre « mettre le pays sur le chemin du développement » ?) mais pas méchants. Pour faire du mal, il faut être capable d’action.

Comment donc peut-on s’énerver comme certains de nos intellectuels et journalistes aujourd’hui, en comparant l’ONU d’aujourd’hui aux Américains des années 1920 ou aux Français d’antan? Nous empêchent-ils de nous gouverner ? Bien sûr que non, et notre bel acharnement à nous enfoncer dans notre misère et nos travers n’est jamais démenti par aucune ingérence de ces « occupants ». Décident-ils pour nous ? Ils ne peuvent décider pour eux-mêmes. Volent-ils nos ressources ? Nous n’en avons aucune.



11 mai 2006

Je reçois un courrier inquisiteur. Je serais contre le premier ministre, sans doute référence à une missive antérieure et postée ici même. Je parlais évidement de Nord et seulement les ignares d’aujourd’hui n’auront pas compris. C’est qu’il y a beaucoup d’Alexis dans notre pays et notre histoire. Homme politiques, écrivains, massacreurs, ils ne manquent pas. Celui d’aujourd’hui, Jacques-Edouard, donc, a toute mon estime, et si je le connais personnellement, je pense être en mesure de fournir une évaluation objective de l’individu. C’est que je connais beaucoup de monde personnellement (ah ! s’ils savaient…), et si beaucoup ont mon affection, tous n’ont pas mon estime ni soutien politique. Jacques-Edouard est bien le seul, dans tout ce marigot népotique, à ne devoir sa fonction qu’à ses talents et son labeur, un homme, en quelque sorte, issu d’une méritocratie dont notre pays n’est pas doté. On peut être gré à Ti René, qui ne connaît évidement rien à la méritocratie, d’avoir tout de même choisi cet homme-là.

Les inventions d’aujourd’hui sont des manies. Je regarde donc volontiers la télévision, surtout la TNH, reflet de nos travers, fenêtre de notre décadence. Qu’y vois-je hier ? Un de ces personnages nationaux, quasi-consensuels, imposé par l’étranger dit-on. Il serait l’homme de la situation, car dans notre pays sans armée la police fait office de lieu de pouvoir. Je vois donc Mario A., l’air grave dans son uniforme, répondre aux question avec cet art consommé du marronnage, et je ne peux m’empêché du jour où je l’ai vu pour la première fois, il y a maintenant plus de sept ans….

C’était en semaine, un mardi ou un mercredi je crois. Le futur président d’alors me reçoit dans sa nouvelle maison. Cela faisait déjà plusieurs années (trois ?) que nous ne nous étions pas revus. Un papier dans Le Nouvelliste avait jeté un froid entre nous. Il m’accueille chaudement, avec un sourire, les yeux dans les yeux, les mains sur les miennes et je faillis bien tomber à nouveau dans le piège, dans la nostalgie et dans l’affection de l’individu. Je me répète alors les phrases que je m’étais juré lors du trajet : « Pas cette fois-ci, il ne t’aura pas », « méfie-toi ». Mais il m’a eu. Et nous nous mettons à sourire, puis à rire, puis à évoquer le passé dans ce que je craignais le plus, la communion de l’amitié. Et j’en finis à accepter son invitation de rester pour souper le soir même. C’est alors que j’assiste à un curieux spectacle. Sa table est toujours ouverte. Plusieurs individus arrivent, jeunes, forts, avec ce port de soi auquel on reconnaît les hommes qui n’ont pas besoin d’avoir peur. Des policiers. Des chefs. Ils arrivent les uns après les autres, se saluant de loin et plutôt froidement. On mange, on se baigne dans la piscine, on discute. L’un d’eux, dont j’apprends alors le nom, Mario A., sort de sa poche un papier froissé et se met à le lire. C’est un poème. Le jeune commissaire de police écrit des poèmes. Et il les récite, d’une voix claire (il a dû répéter avant de venir), mais les yeux rivés sur son papier. Il y est question de Lavalas, puis de « Titide », de Dessalines, de la gloire des hommes nouveaux et des hommes anciens, etc.. Il utilise des rimes qui ne marchent pas toujours, des allégories de rétho. Je me rends compte que le niveau d’éducation a singulièrement baissé dans ce pays mais que par contre on reste d’une grande fidélité à la servilité. Ce poème néanmoins me réveille, moins par sa médiocrité que parce qu’il me rappelle enfin la nature de notre hôte. Quel homme peut réellement apprécier sans broncher des poèmes à sa gloire ? Mais les déceptions continuent. Les convives, nombreux à avoir entendu le jeune commissaire réciter des louanges, applaudissent. Seuls quelques uns des autres policiers conservent un air ténébreux. Soit ils sont jaloux, soit ils n’apprécient pas la poésie. Qui aurait cru ce soir là que le jeune poète deviendrait plus tard un ensevelisseur silencieux de son hôte d’alors et un des hommes les plus puissants d’Haiti… Notre république est ainsi faite qu’elle récompense toujours les marronneurs.

Et les marronneurs sont toujours des incompétents (ne cherchez pas, toujours). Car leur être tout entier est mobilisé pour la survie, pour durer, pour ne point fâcher Nord Alexis, Duvalier et les autres.


22 mai 2006

Je reviens de l’enfer, littéralement. C’est que tous les morts n’ont pas le luxe de devenir fantôme. Je voulais me faire mon opinion sur certains individus et évènements du passé d’où mon désir de rendre une visite en enfer. Aussi, après avoir obtenu un laissez-passer du diable en personne, je me suis rendu en enfer le temps du week-end, une visite de courtoisie en quelque sorte, auprès de certains de nos compatriotes défunts et assignés pour l’éternité à cet endroit peu agréable. Je voulais rencontrer François Duvalier. Hélas, cela ne fut pas possible. C’est que le pauvre homme, après avoir mijoté tant et tant dans sa marmite s’était changé en « stew » comme diraient les anglais. Il était méconnaissable. Liquéfié dans la soupe. Faisant remarqué au diable sa propre incompétence (après tout, pour faire rôtir les méchants dans l’éternité, il faut tout de même les maintenir en permanence en état de cuisson), celui-ci, gêné, prétendit qu’il s’agissait d’une vielle coutume de l’île, les Tainos ne se gênant point pour cuire les vilains Espagnols. Qui aurait cru que le diable aussi marronnait. Décidément, on ne peut plus faire confiance à personne.

C’est alors que, reprenant le chemin de la sortie, je vis des marmites vides, et neuves, négligemment délaissées sur le côté dudit chemin. Elles portaient des noms. Je fis remarqué au diable que l’on ne pouvait être certains de leurs destinataires : étant en vie, ils avaient encore le temps de sauver leurs âmes, d’attendre le jugement, de renverser la tendance comme on dit aujourd’hui. Il n’était tout de même pas trop « trop tard ». Il se tourna vers moi avec pour la première fois un air de sincérité surpris. Même Aristide, remarqua-t-il ?

Sur ces paroles, le diable me quitta : « Vous connaissez le chemin, je ne vous raccompagne pas ». Je me dirigeais alors vers la sortie lorsque tout à coup un grand fracas me fit me retourner. On venait de jeter au sol de nouvelles marmites, flambantes neuves de la forge. Alors que les diablotins s’éloignaient, je ne pus résister à ma curiosité et fit quelques pas en arrière. Deux noms me surprirent plus que d’autres. « Méfiez-vous », menaça le diable, la curiosité est un vilain défaut… ». Un frisson parcoura mon dos de fantôme mais Dieu avait déjà tranché sur mon cas il y a bien longtemps. Je profitais du retour du diable pour lui poser des questions qui brûlaient mes lèvres. Le père Jean Juste, je peux comprendre, dis-je, et encore, mais pourquoi Latortue ? Le diable me lança un regard de mépris, comme si la réponse était trop évidente pour mériter son effort : « L’incompétence tue. Les petits larcins (hélas, fit-il), ce n’est que le purgatoire. Mais le narcissisme, l’égocentrisme, la bêtise pure, le mensonge continu, la lâcheté intellectuelle, la lâcheté physique, il n’a rien pour compenser son incompétence…. Quand au père Jean Juste, détrompez-vous, il pourrait bien ne jamais nous rejoindre. C’est que, après nous être entretenu sur son cas avec le Bon Dieu, nous avons conclut que ce bonhomme est cliniquement fou et donc irresponsable. Ces crimes seraient donc involontaires. »


27 mai 2006

Je vis ce vieil Yvon Neptune, l’autre jour. C’est que, après avoir visité l’enfer, je visite les prisons. Je lui fis la remarque que son discours sur les arabes avait singulièrement manqué de goût. Quand on se veut homme d’Etat, on ne fait pas ces choses-là. Pourquoi avoir gardé de cet homme ce seul évènement au détriment de beaucoup d’autres, et des pires ? Que sais-je, divagation de fantôme sans doute, ou alors est-ce l’affection de ma descendance, du côté de ma nièce, presque tous mariés à des Libanais. Voulant m’amadouer –qui ne craint pas les fantômes ?- Neptune me parle de m’emmener, dès sa sortie de prison, dans sa maison de vacances, situé en bord de mer, comme il se doit lorsqu’on porte un tel nom et que l’on a goûté depuis longtemps au pouvoir. Je reviens aux les Ottomans. Nord Alexis déjà avait permis des attaques contre leurs biens, dès 1902. Neptune n’a pas l’air doué pour l’histoire. Pour la poésie si, mais l’histoire…


29 mai 2006

Je vois Ti René ce week-end. C’est un des rares hommes qui n’a pas peur des fantômes et qui m’accueille avec bienveillance, heureux même. Nous avons tant d’amis et de moment communs. Nous sommes de la même génération –même un fantôme peut parfois faire des confidences… c’est que, comme tous les fantômes, je dois peut-être aussi brûler d’être découvert. Il me remarque avec affection et nostalgie les discours que je lui avais écris, en 1995. Il me rappelle cette nuit de novembre (ou était-ce octobre ? ma mémoire me fait défaut) où, dans une chambre du seul hôtel de Hinche, il me demande d’adresser la foule à sa place. Il en garde un souvenir hilare. Je me souviens de ma double impression. Ma peur d’adresser la foule et de me faire passer pour Ti René, et ma déception, incisive comme une blessure à l’arme blanche, face à l’indigence morale de l’ami que je servais. Pour moi, cette nuit avait été le début de la fin. Je m’approche en hésitant près de la fenêtre, je l’ouvre, tétanisé, et c’est alors que des clameurs me viennent en plein visage. « Préval ! Préval ! » me crie la foule. Quel historien pourra jamais croire que le futur président du pays ronflait dans son lit alors que je criais des slogans à la foule assemblée.



9 avril 2007

Je reçois visite, au mois de février dernier. C’est que désormais, l’on me visite, me priant d’intercéder auprès des puissants, tout du moins auprès des vivants. C’étaient des candidats. En colère, comme il se doit, sinon dans notre pays, un candidat ne se déplace pas. Et tous du même parti qui plus est. Lespwa. On leur avait promis ceci, et puis cela, et puis plus rien. Ti René les avait laissé tombé comme des vielles chaussettes. Comme ce Joel L., qui fit si bien sa campagne présidentielle sur Port-au-Prince et dont le téléphone cessa de sonner aussitôt l’annonce par le CEP du résultat final. Ti René, tu oublies vite ceux qui ont travaillé et tout donné pour toi.



10 avril 2007

Bien, on se plaint de mes confidences. Un Haïtien ne fait pas ces choses-là, me dit-on. Mais qui me lirait sinon ? On ne vient ici que pour en lire, des confidences. Mais je n’écris point de ragot. J’écris ce qui j’ai vu et, à l’occasion, sur des faits que j’ai pu soigneusement vérifier.


30 avril 2007

Mon cher Mario, je vois que ma dernière contribution ne vous a pas laissé indifférent. Votre français est toujours aussi médiocre, mais je ne vous blâmerai pas pour l’incompétence tragique des années 80. Je ne peux néanmoins accepter vos dénégations. Vous et moi savons pertinemment ce qui se passait à Tabarre et les poèmes à la gloire d’Aristide que vous écriviez (mal) et récitiez (hélas) les yeux rivés sur votre papier chiffonné. D’autres ont fait pire, bien pire. Que je sache, vous n’avez ni volé ni envoyé les chiens dans la rue pour satisfaire le maître du pays d’alors. Je ne vous demande donc pas de battre votre coulpe. D’autres mériteraient autrement de se lancer dans les contritions. Je crois néanmoins que ce pays ne s’en sortira qu’avec des hommes droits, courageux, irréprochables. Vos poèmes vous honorent peu. Ce que je me reproche, à moi, en revanche, c’est de ne pas avoir requis une copie de vos fameux poèmes. Mais ne niez ni vos faibles talents littéraires ni leur destinataire. Vous et moi savons pertinemment que nous n’étions pas seuls ce soir là avec l’hôte de Tabarre, une quinzaine de personnes au moins nous accompagnaient, vous ont entendu et nous savons lesquelles. Plusieurs proches d’Aristide étaient là, plusieurs commissaires de police, plusieurs candidats à la présidentielle même. Dois-je les citer aussi ? Certes, aucun d’entre eux n’est plus dans la police (vous avez bien manœuvré !) ni dans la court d’Aristide (vous n’y êtes pour rien, en bon marronneur), ni même dans le pays.


11 mai 2007

Un lecteur me demande si je connais les responsables de l’assassinat de Jean Dominique. Etre fantôme ne fait pas de vous un magicien ou un devin. Je n’en sais rien, même si j’ai l’arrogance d’affirmer en savoir beaucoup. C’est que ma propre enquête n’est point terminé et, en temps voulu, je m’exprimerai sur ledit assassinat et sur celui du Sénateur Toussaint, en 1998, que tout le monde a déjà oublié. Dans une république digne, la foule aurait pris la rue. Dans l’anesthésie Lavalassienne d’alors, rien ne se passa.



1er octobre 2007

Les 70 mots qui pourraient faire tomber la République

Mon cher Gassant,

Vous poursuivez à nouveau des méchants. Une odeur de corruption entoure désormais le CEP (qui n’y est peut-être pour rien, allons savoir, l’enquête a à peine débuté). Cependant, mon cher Gassant, le pire qu’ait fait le CEP n’est peut-être pas d’avoir détourné de l’argent à des fins personnelles (ou peut-être n’y a-t-il jamais eu malversation, je le répète : je n’en sais rien). Le pire, c’est de n’avoir jamais appliqué la loi électorale. Je pense évidement aux articles 154 et 155. Relisons-les :

Article 154: Tout don de plus de 50,000 gourdes fait par une personne physique ou morale à un parti politique, groupement ou regroupement de partis politiques devra être communiqué au CEP.Article 155: Tout parti politique, groupement ou regroupement de partis politiques devra remettre au CEP une liste détaillée et complète de tous les dons de plus de 50,000 Gourdes faits par les personnes physiques ou morales à son organisation.

Soixante-dix mots tout juste. Et comme disait Aristide, « Ah ! qu’il sent bon l’article 154 ! Il parfume, l’article 154 ! Quelle bonne odeur de brûlé ! Il suffit de le mettre au cou…». Bon, arrêtons les plaisanteries. Après tout, nous ne sommes plus en 1991. D’ailleurs, cet article est mal foutu, comme tout ce que font ces experts grassement payés (qui a pondu cette loi ? le PNUD ? L’IFES ? Ce ne sont en tout cas pas les conseillers électoraux) car il n’est pas stipulé qui doit effectivement « communiquer » les noms et le montant des dons, même si l’on se doute qu’il s’agit des candidats. On aimerait donc bien savoir qui a donné à qui. Je répète : Qui a donné à qui ? Combien de candidats se faisant passer pour des fils du peuple sont en réalité des fils de p.., s’abreuvant aux mamelles des riches et des rappeurs ? Combien de candidats se sont-ils volé eux-mêmes, l’argent passant allégrement de leur campagne à leur compte en banque (la victoire est aléatoire, l’argent pas). Oh ! Combien de Préval, combien de Baker se sont-ils soudain souvenu de leurs amis d’enfance ? Et combien de Mochrenha (quel nom ! On dirait une maladie pulmonaire !) ont-ils plumé allégrement leurs propres ouailles au de lendemains messianiques ?

Donc, nous voulons des noms. La loi l’exige. Car il est évident qu’on a dépensé beaucoup d’argent dans cette campagne, et pas seulement Ti René ou Charlito. Des dizaines de millions, et ce ne sont pas grâce à des petits dons de 50,000 gourdes qui ont été fait.

Combien de valises sont-elles sorties de l’ambassade de Taiwan ? Combien de coffres sont-ils sortis de l’ambassade de Taiwan ? Combien de container ? Car on cite volontiers les mécènes habituels (les Meus, Acra, Brandt, Biggio et compagnie) mais qui parle de l’étranger dans cette interminable campagne ? Car dans ce pays, quand on parle de l’étranger, on n’évoque que les blancs puissants, et trop rarement les Dominicains et les Taiwanais. Combien d’argent Wyclef Jean a-t-il dépensé, lui d’habitude si habile qu’il fait dépenser les autres, ministères haïtiens compris, pour sa propre gloire (et vidéos) ? Et pour combien de candidats ?


2 octobre 2007

Je suis allé voir Dieu hier soir. C’est qu’être fantôme donne certains droits. J’étais allé quémander une faveur, une grande faveur, non pas pour moi, certes, mais pour mon pays, une mission de lobbying, en quelque sorte. Ne pourriez-vous pas faire du marronnage un pêché capital ? Çà ferait beaucoup, non ? me répond-il. J’insiste. Je tente de lui démontrer qu’il s’agit de la survie d’une nation. J’y penserai, me fait-il en s’éloignant.